• Matisse nous a offert une leçon de liberté.

    Liberté permise par une parfaite technique du dessin.

     Avant 1900, l'apprentissage du dessin était incontournable. De sa maîtrise dépendait tout l'avenir d'un artiste-peintre.

    Cette exigence n'a jamais empêché la créativité. La liberté.

     

    Matisse est un peintre traditionnel par son talent de dessinateur, le travail qu'il fait à partir de ses esquisses et de ses études. Par ailleurs, le dessin est aussi chez lui un art à part entière.

    Ses premiers crayonnés sont académiques, comme cette étude de 1890 (graphite) mais dès le début du siècle, l'artiste a commencé son travail de libération. (Fusain. 1900).

     


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Esquisses ou œuvres préparatoires, Matisse a dessiné toute sa vie.  

    Il a trouvé son trait personnel en libérant le geste.

    La liberté découverte dans le dessin est partout transmise dans ses toiles, leur composition.

     

    Le dessin sert parfois d'ébauche, et progresse alors avec l'œuvre, comme dans l'art académique.

    Même disparu sous la peinture, le trait d'esquisse reste toujours présent et toujours vivant.

    Ou bien il ne disparaît pas, et regarde l'œuvre en train de se faire.

     Matisse esquisse 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    1921. Jeune fille à la robe verte. Etude et tableau.

    Le travail de dessin de Matisse est rigoureux, ses lignes se composent comme s'écrit une symphonie avant d'être jouée.  Sa liberté est fondée sur la rigueur et la discipline. Sa maîtrise de la lumière est née de sa maîtrise du dessin. 

    Même dans les années de recherche, le dessin de Matisse quête sa liberté propre.

       

     

     

     

     

     

     

    1905. Luxe, calme et volupté. Etude et tableau.

     

    Matisse peint et dessine ce qu'il voit, mais surtout la façon dont il le voit.

    Ici, pour la toile, La Musique, (1910), Matisse n'a pas fait d'étude préparatoire. Ce sont les étapes de l'œuvre photographiée pas à pas qui sont ici.

    La dernière photographie représente une autre étude pour une œuvre de 1907, sur le même thème.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     La liberté entre 1907 et 1910 a grandi.

    Le style s'est affermi.

    En dépoussiérant l'académisme, Matisse entre en art et tout le monde derrière lui.

     

    A l'Atelier, nous faisons une bonne place au dessin. D'abord parce que dessiner procure une joie immense. Sa maîtrise nous libère des contraintes de départ, et tous les tâtonnements peuvent avoir de la grâce.

     

     

     

     

     

    Même maladroit, un dessin peut-être franchement beau.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Notre regard s'exerce à travers la pratique et l'étude du dessin. Lorsqu'on a observé un modèle longtemps pour le traduire, cette observation s'enrichit par l'exercice du crayon, et peu à peu, on en perçoit davantage, on voit mieux, on apprend à voir.

    Et quand on sait voir, on sait dessiner.

     
    Retrouver toutes les expérimentations de l'Atelier sur le site.


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  • Quinze jours devant la vénus au miroir.

    L'ébauche et le crayon.

    Ajoutons pour le bonheur des grâces cette magnifique peinture de Matisse qui nous offre, en passant, un joli reflet dans un beau miroir, sous l'oeil attentif du peintre encore jeune :

    Mon beau miroir


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    A méditer.

     


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  • La fin d'un rêve qui aura duré toute une vie.

    Une boucle qui se referme.

    Une bien triste fin.

    Mais derrière les orages qui n'appartiennent pas à la peinture, Zao wou-Ki nous a laissé l'énergie et la force de nous émerveiller éternellement, de marier nos cultures avec bonheur, de nous reconnaître entre nous : les abstraits, les autres, tous ceux qui n'ont pas choisi, tous ceux qui sont fous de couleurs, fous de créer. Ceux qui ont découvert comment créer déchire les voiles.

    Toute une vie consacrée à la peinture. A l'amour de la peinture.

    Ses oeuvres sont des rivières, elles transforment les larmes, les transportent.

    Elles offrent à voir ce qui se trouve derrière, indéfinissable avec précision, mais réel pour chacun, et chacun avec son propre regard intérieur.

    Toute une vie, et toujours vivant.

    Son âme, légère, est partie avec le vent.

    *S

     

     

     

     

     


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  •  

    Depuis des mois je la regardais, fichée dans un pot de fleurs, oubliée à la campagne.

    Plusieurs fois, j'avais tenté de m'en approcher, mais le jardin avait beau ne pas être clos, on n'entre pas chez les gens.

    Elle avait son petit rebord de fenêtre dans les fleurs. Blanche lorsque la neige est tombée, prise sous la glace de janvier, toujours nue, à peine frémissante.

    Je pensais : on devrait la dessiner à l'Atelier…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Un soir, il y avait quelqu'un.

    Je me suis approchée doucement, j'ai demandé si je pouvais emporter la dame blanche, l'acheter, ou l'avoir un peu.

    Le monsieur l'a soulevée de son pot de fleurs, elle lui a coupé la main. Il y avait du sang sur son cou de cygne.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il m'a dit qu'elle avait perdu l'autre moitié de son corps, que le bout gisait là, quelque part, il ne savait plus où.

     

     

    A la maison, j'ai essayé de la poser dans les fleurs, de la faire disparaître derrière. Elle avait son air perdu. Pourtant sans doute destinée aux faux décors grecs des jardins, ça ne lui allait pas. Elle n'était pas venue pour ça.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Alors je l'ai drapée de noir. Théâtral.

    Et j'ai compris pourquoi elle était si blanche : elle voulait faire apparaître les ombres.

    Et les ombres à leur tour l'ont éclairée.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      

    Dans un mois elle retournera sur son rebord, dans ses géraniums, ses saisons, son usure du temps. Elle sera sans mémoire, comme n'importe quelle terre cuite, même peinte en blanc. Sans valeur. Puis finira par retourner définitivement d’où elle est venue, comme nous tous qui l'aurons aimé.

    Que pouvait-elle faire de mieux ?

     

     

     

     

    On dit qu'il en existe une autre, identique mais bien plus belle, bien plus précieuse, là-bas, à Paris, au Louvre. Tout en marbre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

    On dit qu'elle est la mère de toutes les sculptures du monde.

    Qu'elle a plus de 2000 ans, qu'elle est née dans une île qu'on appelle Milo.

    Que c'est un paysan qui l'a trouvée il y a 200 ans, près d'un théâtre antique.

    Les musées du monde disent que son corps est tout entier animé d'un mouvement de torsion, qu'il s'inscrit dans toutes les dimensions de l'espace. Ils parlent de sa silhouette mouvante, de son attitude tourbillonnante et du modelé aux accents réalistes.

    Pure comme un éclair et comme une harmonie, ô Vénus, ô beauté, blanche mère des dieux dit le poète Leconte de Liste

     

     

     

    A l'Atelier, nous nous sommes installés autour d'elle, notre copie en terre cuite du rebord, chacun devant une de ses multiples facettes. Et ce que nous avons dessiné ressemblait à quelque chose de nous-mêmes. La vénus a disparu derrière des tas d'autoportraits, parfois un peu cabossés, ou en morceaux, coupés en deux, comme on se sent certains jours, parfois conquérants ou perdus. Parfois bien là, à percer le mystère.

    Le monde a copié ce buste des milliards de fois depuis plus de 2000 ans, comme nous l'avons fait studieusement.

    Et jamais il n'a été autre chose qu'un miroir.

     

     

     

     

     

    Toutes nos Vénus.


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  • Pour la difficulté...

     

     

     

     

     

     

     

    Pour la touche, la couleur, la performance

    Pour essayer, pour jouer

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour l'audace, pour la liberté, pour l'expérience

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour voir...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour ressentir...

    Le Vivant.

     


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