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Profils
Demi-lune, altière, la demi-face qui nous échappe, impossible à traquer dans le miroir.
Le visage de profil offre à la sensibilité artistique son énigme.
Or. Grèce antique, IV siècle avant JC
Avant son acception moderne qui veut donner au profil le sens plus général des caractéristiques d'un être, proufil signifiait dessin des contours d'un visage.
Les anciennes monnaies (les premières du VIe siècle avant JC) offre d'un conquérant un profil rayonnant comme un soleil, qui s'inscrit parfaitement dans le cercle de la pièce, donnant à voir une majesté auréolée, scintillante de l'or dans laquelle elle est frappée.
Vercingétorix, monnaie en or Arverne, 1er siècle avant JC.
Regard fier, autorité incontestable, des caisses de monnaies en or tintent notre imagination.
De Dagobert à Louis le dernier ou les Napoléon, tous se sont fait portraiturer et frapper sur pièces. De profil (presque toujours).
En peinture, portraits de rois et princes en tout genre, pour, comme dans l'idée de la monnaie en or, marquer son empreinte du sceau de l'autorité et de la noblesse, de cour ou d'église, ou même de la littérature ou des sciences. (Dante, Erasme...)
Le profil arrive en peinture au XIVe via l'Italie s’inspirant des monnaies antiques avec des poses d'empereurs romains.
Masaccio, Jeune homme de profil et Portrait d’homme de profil, Ecole italienne de la Renaissance.
Les banquiers s'y mettent , puis les marchands. Tout le monde veut son portrait.
Un profil résulte d'un choix particulier. On se veut digne, respectable, voire éternel. (Notion de permanence devant l'impermanence du monde terrestre si cruelle !).
Piero de Cosimo, Simonetta Vespucci
Quant à la femme, représentée de profil ou non, il faut qu'elle soit garante de toutes les qualités qu'on prête à une déesse.
La noble dame est vertueuse comme Marie ou splendide comme vénus.
Piero Pollaiolo, portrait de jeune femme et Pisanello, Portrait de jeune fille.
Son profil regarde vers la gauche, à moins qu'elle soit le pendant du mariage, représenté ici gauche-droite par deux personnages fameux en train de se regarder dans les yeux (l'homme était borgne, il n'avait guère le choix de la place dans le ménage...)
Piero della Francesca, Portrait de Federico de Montefeltro, Duc d’Urbino et de sa femme.
Portrait féminin attribué à Ambrogio de Prediset Leonard de Vinci, La belle princesse.
Port de reine, nuque de princesse, coiffure richement ornée, le profil reste longtemps l'apanage des grands. Jusqu'à la modernité qui voudra bien représenter la femme enfin sous son vrai jour : une sorcière ! (De profil, on voit mieux les nez crochus).
Les trois sorcières. 1783. Füssli.
L'artiste prendra quand même le temps de s'amuser un peu, de frôler la caricature...
Arcimboldo.
... ou de peindre tout simplement les gens tels qu'ils sont :
Profil d'homme. Léonard de Vinci.
Edmond-Charles Tarbelle. 1912, et jeune fille de Frederic Leighton (1830 - 1896).
Ou presque... :)
Tout le monde se doute que ces quelques lignes n'auraient aucune importance si, à l'Atelier, nous n'avions pas misé, nous aussi, sur le profil !
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