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Par volubillis le 6 Juin 2015 à 22:41
Une seule technique pour la peinture à l'huile ?
Une seule manière de l'aborder ?
Un seul bon procédé avec une grille et des codes immuables ? Cela n'a aucun sens.
Ici rien n'est figé, rien n'est joué, tout est toujours possible.
Un trésor dort en chacun. La seule règle : tenter de le mettre au jour.
On peut se saisir de ce qui se trouve sous la main : un pot de fleurs, une chaise, ou comme ici un bougeoir et quelques accessoires en bois ou un bouddha doré. Objet, matière ou texture, tout est digne d'être peint, et aucun choix n'est réellement arbitraire. Lorsqu'on laisse l'artiste choisir et composer lui-même son futur tableau, c'est sa vie intérieure qui fait le choix.
Peindre ce que l'on voit reviendra de toutes façon à peindre ce que l'on est.
Ici, une petite tasse de porcelaine, les difficultés qu'elle impose, la lumière qu'elle exige, va venir droit toucher le cœur, car le sujet s'efface devant le style qui naît de la sensibilité. L'approche, l'observation, la touche, tout est personnel.
Bien entendu, nous parlerons de "trucs d'atelier", de médiums, de support, de couches... Mais au fond, il s'agit surtout d'approcher ensemble un univers poétique personnel dont la base (document, objet, photo...) sert uniquement de support.
Il arrive, comme ici, qu'on démarre mal. (1 - 2). On recouvre la toile ratée par une autre palette, (3) le sujet initial disparaît presque complètement.
A partir du moment où les bornes ont disparu, il ne reste plus qu'à faire appel à l'imagination, toujours bien plus riche. Même les perspectives peuvent être rectifiées sans modèle, (4) au fond, on en sait bien plus que ce que l'on croit. Il suffit de se faire confiance.
On peut commencer avec une photographie (ici celle de Pat Fok*), pour comprendre comment fonctionne le rapport des lumières. Le tableau est souvent plus intéressant que la prise de vue, plus personnel... Il correspond au bout du compte bien davantage à ce que nous sommes.
Toujours d'après une photographie de Pat Fok*, nous prenons le temps d'étudier au fusain, rapidement, les valeurs, sans nous préoccuper des couleurs (qui seront traitées ensuite, sur la toile). L’œil a déjà compris la lumière et les ombres, et, sans effort, sera capable de les restituer ensuite lorsque le problème de la palette se posera.
1 : le fond est détouré, par peur de perdre le dessin très graphique de l'arbre. Il manque de vigueur et d'unité. 2 : Sans le perdre complètement le dessin, le fond est retravaillé, cette fois dans son unité, avec toutes ses nuances lumineuses. 3 : Pour revenir avec style et caractère aux branches, le tableau (et la photo) sont placés à l'envers. Ainsi, le cerveau relaxé ne fait plus que ce qu'il voit (et non ce qu'il croit voir). 4 : Plusieurs couches de glacis pour la brume atmosphérique qui embrasse les montagnes : elles vont finir par se fondre elles aussi dans l'arrière plan.
Une bonne étude des valeurs (sombres et clairs) reste valable lorsqu'on s'essaie à la copie de grandes œuvres.
Travailler d'après photo est toujours intéressant, à partir du moment où l'on n'essaie pas de rendre une copie conforme, (sans personnalité).
Ici, des exercices antérieurs ont amené à comprendre le principe de la touche (qui est toujours personnelle), d'en goûter la liberté et l'expressivité.
La personnalité de l'artiste se révèle et se dessine. Et son monde intérieur commence à émerger.
Et pour celui pour qui le sujet ne peut être que de l'ordre du rythme intérieur, la symphonie abstraite et gestuelle offre ses partitions.
Mais ce n'est pas parce que c'est "gestuel" qu'il n'y a pas de travail. Plusieurs travaux préliminaires ont été nécessaires pour que la véritable inspiration apprenne à s'exprimer.
Tout un travail autour de la matière et de la texture picturale a pu soutenir et préserver la magie du geste.
Et quoi de plus ludique en peinture et de plus fascinant que de fabriquer soi-même ses couleurs et ses matières ?
Pigments, poudre de marbre, œuf, gommes, colles, vernis, miel, vinaigre, glycérine, huile, eau, caséine, cire, essences... et bien d'autres choses encore viennent alimenter la petite cuisine de la peinture ancienne revisitée. Et ouvrir une foule de perspectives.
* Beauté tranquille de la Chine - Pat Fok - Du May - 1987.
3 commentaires -
Par volubillis le 24 Mai 2015 à 00:05
Dans l'esprit de l'"atelier du peintre", nous avons regardé notre lieu avec les yeux de l'artiste, celui qui sommeille en chacun.
Tournant dans l'atelier afin de le voir autrement, nous avons déplacé les objets et outils de notre quotidien, bougé avec eux afin de créer la scénographie idéale pour brosser un autoportrait des lieux qui servent depuis plusieurs années notre inspiration.
Chacun les vit et les voit depuis sa propre vision intérieure et les tableaux nés cette semaine sont tous de purs produits d'une conscience créatrice.
Peindre le lieu a servi d'alibi pour regarder en soi et à partir de soi ce qui se joue dans le temps mystérieux de la création artistique.
Ici nous sommes chez nous, sentinelles de l'espace intérieur. Cet exercice nous aura permis de regarder autrement, par le dehors, ce qui se réalise au dedans : là où se tient la source.
Les lieux et la lumière étaient les mêmes pour tous mais chacun de nos travaux est unique.
Pour voir tous nos "ateliers du peintre".
L'article sur le thème de l'atelier du peintre dans l'histoire de la peinture.
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Par volubillis le 2 Mars 2015 à 19:13
La main, si précieuse. Toujours sous nos yeux, mobile, active, multifonctionnelle...
A chacun de nos âges, elle se transforme, elle grandit, vieillit, toujours belle. Sa complexité de lignes et de formes en fait un sujet parfait pour le dessin.
Main fermée sur une main ouverte : Pour un dessinateur en herbe, c'est souvent le premier sujet. Elle est là sous les yeux, difficile mais tellement attirante. Sa complexité fascine. Pour tenter de capturer la lumière qui bouge, le modelé, les mille nuances de la carnation, les reflets mystérieux de la peau, l'équilibre des articulations, les mesures... Rien de mieux.
A l'Atelier, nous avons la phalange ouvrière, et sans peur avons pris nos crayons, à l'aide de quelques modèles et en regardant nos propres mains travailler, avons observé méticuleusement la nature.
A la poursuite des ombres, de celles qui sculptent les modelés et les formes, nous donnons corps au projet.
Les photos nous montrent à la fois le rendu, le modèle, l'outil et l'artiste.
La main capture sa propre image dans un jeu de miroir étonnant.
Chaque main est différente, chacune est une merveille de précision et de grâce, présentant toujours un sujet magnifique. Dessiner sa propre main ou celle d'une personne qu'on aime, c'est réécrire une histoire d'amitié et peut-être une façon tendre de lui dire merci.
2 commentaires -
Par volubillis le 20 Janvier 2015 à 22:35
Loin des sentiers balisés, des portraits classiques sur papier mouillé, des paysages sans âme, nous avons laissé couler...
L'eau grande prêtresse des inspirations, créant transparences à l'infini.
Tout est permis : sel, savon, film alimentaire, l'eau libre crée des images avec n'importe quoi. Qui sait ? Ça pourrait servir...
Par le souffle, le mouvement, elle entraîne les pigments dans sa course.
Effets à l'infini...
L'eau libère des contraintes et des techniques. Elle suit sa propre voie. Inutile de tenter de la contrôler. Et puis on passerait à côté de toutes les surprises qu'elle peut nous faire.
Quelques très honorables petites aquarelles abstraites ont ainsi vu le jour sous nos yeux ravis.
Nos belles aquarelles : paysages de neige
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