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On dit de lui qu'il symbolise la vision artistique du monde.
Correspondant au nombre d'or, le sens instinctif de la proportion, à l'image du cosmos, de l'Antiquité jusqu'à la modernité, il est aussi symbole de l'amour sacré : fleur qui, reflet de notre âme, est, comme elle, irrépressiblement attirée par la lumière.Le Tournesol est devenu la fleur d'inspiration des peintres depuis qu'un certain Van Gogh l'a désigné comme emblème.
Jaune, la fleur teinte toute son œuvre.
La Maison jaune : "une décoration où les chromes crus ou rompus éclateront sur des fonds divers, bleus depuis le Véronèse le plus pâle jusqu'au bleu, encadré de minces lattes en mine orangé. Des espèces d'effets de vitraux d'église gothique".
Bleu pour la soutenir.
"Le dernier est clair sur clair et sera le meilleur j'espère. Je ne m'arrêterai probablement pas là."
Vincent ne fait jamais semblant d'aimer.
"La chambre où tu logeras aura les murs blancs et une décoration de grands tournesols jaunes. Le matin en ouvrant la fenêtre, on voit la verdure des jardins et le soleil levant et l'entrée de la ville. Mais tu verras ces grands tableaux de douze, de quatorze tournesols, fourrés dans ce tout petit boudoir".
Enfermé à l'asile, le génie illuminé les peint de mémoire, encore et encore.
Aujourd'hui, lorsqu'on peint un tournesol, c'est un peu comme s'il se penchait par-dessus notre épaule, et ça change tout.
Pendant que l'atelier se dorait à la plage, tout autour des tournesols se sont mis à pousser. Partout.
Je suis allée ramper sous les hautes tiges pour ramener un tout petit peu de ce précieux butin(é) d'or jusque chez nous.
Nous en avions parlé mais jamais encore ces fleurs du soleil n'avaient passé la porte. Les voici dans nos palettes.
Le tournesol s'est, avec Vincent, imprimé dans notre âme d'artiste. Tourné vers le soleil, il nous invite à poursuivre le but ultime de l'art : trouver, capturer, transmettre, partager la lumière.
La grandeur, la majesté, la radiance, l'or ainsi de l'astre reflété, tout chez lui a pour vocation d'extasier, et si nous observons comme il faut, jusque dans le cœur du cœur du soleil, commence alors un voyage sans fin, ou les myriades se disputent les cercles de milles mandalas tournant de concert, en jaune et vert, puis or encore en parfaite harmonie.
On ne demeure jamais indifférent devant le cœur d'un tournesol. Quant à ce visage qui se lève implorant devant le père, il termine de toucher nos coeurs.
L'étude documentaire est bien plus qu'une tentative de représentation du réel (du visible). La symbolique, la charge émotionnelle et culturelle, l'histoire personnelle se mêlent pour ajouter à une simple vue la magie qui peut s'opérer par le geste. Ce geste plein de notre histoire personnalise toujours nos œuvres.
Nous avons tourné autour du soleil pendant ces heures d'étude, mettant notre touche personnelle pour rendre un hommage à l'une des plus belles fleurs qui soit.
Comme elle nous avons tourné notre visage vers le cercle de lumière l'implorant de nous inspirer, et même après la nuit tombée, sous la lune levée, nous chantions encore sa lumière solaire.
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Le Pinceau magique nous a inspirés. (Voir l'article : le-pinceau-magique)
L'Atelier s'est transporté dans le monde de la transparence, des belles soies de Chine et des couleurs coulées.
Après des études sur papier, les palettes sont devenues plus riches et les pinceaux chinois ont pu oeuvrer comme par magie.
Rendant chaque motif comme vivant.
Ne demandez pas pourquoi ils peignaient tant les oiseaux. Tant de transparence et de légèreté donne l'impression qu'on pourrait s'envoler.
Libres de tout.
En accord avec le vent.
Et de fait, c'est bien ce qui est arrivé...
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Ce conte s'appelle Le Pinceau magique.
Dans cette histoire chinoise, un jeune artiste est si pauvre qu'il ne possède que des bâtons pour dessiner dans le sable. Une nuit, il rêve qu'il reçoit un pinceau magique dont le pouvoir est de rendre réel tout ce qu'il peint.
L'art et le pinceau.
Peinture et écriture mêlées.Trace, silence, lenteur, minutie.
Sur le noir de l'encre, un lavis (encre diluée) donne à la forme sa lumière.
Peinture sur soie de Gu Kaizhi (344-406)
Au paléolithique, pendant qu'on frotte les murs des grottes du Sud-ouest avec des bâtons brûlés, les chinois peignent sur la soie, jusqu'à la découverte du papier (bambou) au premier siècle. Et les deux perdurent : le papier pour sa solidité, la soie pour ses qualités, sa somptuosité.
Le pinceau demeure le maître.
Au Xe siècle, des paysages sur des rouleaux de soie enseignent sagesse et poésie. Tout un monde inspiré du réel, mais réimaginé.
Rivières, fleurs, oiseaux… Pluies et brumes… Parfois seulement avec du noir : suggérés par le noir de l'encre et le blanc du support, vides et pleins dialoguent.
Le style libre des lettrés interprète la nature et veut capturer l'âme des choses, le style académique s'occupe des détails.
Puis peu à peu les deux se lient.
Tout en émotion.
Couleur et touche liées à la calligraphie insufflent la vie. Le pinceau danse. Le corps s'exécute. Le geste est libre.
Si nous aimons le silence chinois, ce n'est pas parce que c'est la mode.
Mais parce que tout un monde jaillit des brumes. La vie en quelques coups de pinceau.
Rien de superflu, ne reste que l'essentiel.
L'art chinois est méticuleux et précis pourtant.
Quelques traits, sobriété, épuration.
Plus intérieur qu'extérieur, il tend par l'allusion à se charger des émotions de l'artiste, suggère le réel.
Le blanc est majeur, vide mais également lumière, profondeur, et réalité spirituelle.
Vif, spontané, parfait en une fois, le trait de pinceau est l'expression d'une lumière intérieure, d'un accomplissement qu'il se propose de transmettre.
Trouver l'âme.
Le geste la contient déjà, et la dévoile.
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De retour au même endroit, mais cette fois, d'après photo.
Il fallait reprendre l'ouvrage, le repenser, lui redonner des lignes de force et une vraie composition, bref, recommencer.
Nous avons donc retravaillé "depuis l'intérieur", en ressentant mieux les écueils possibles et les valeurs.
L'architecture (sans stress) est une bonne planche de travail pour capturer les lignes, les rues sont toujours tirées à quatre épingles, les fenêtres ne louchent pas. La perspective est toujours plus facile à comprendre lorsqu'on dessine des murs.
Notre pigeonnier du Quercy nous aura aidés à mieux voir. Les rues des métropoles à retrouver le plaisir de dessiner.
Et maintenant, si on ajoutait la lumière ?
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